Mon roman, dès le neuvième chapitre, emporte un philosophe (German, pour ne pas le citer) dans une quête très singulière, et cela à l’issue d’une expérience traumatisante (que je ne vais pas décrire ici, après tout, cher lecteur, s’il vous reste à lire mon roman, achetez-le!)
Pourquoi, dans toutes les civilisations, la femme est perçue comme « seconde en humanité « ? Eve est accouchée de la côte d’Adam ! Un comble ! La femme n’a accès aux responsabilités politiques depuis moins d’un siècle, les femmes, pour la plupart d’entre elles, ont encore peur de leur mari et de ses violences, des petites filles nourrissons sont encore abandonnées voire assassinées en Chine, les Afghanes sont mises dans des sacs, les Indiennes font l’objet de violences et de discriminations, des Pakistanaises sont victimes de crimes d’honneur et les petites Egyptiennes sont encore excisées par millions ! Et les guerres passent par des viols collectifs au Kivu (Congo) ou en Ukraine.
Quand vous y regardez de plus près, les pays les plus développés et les plus démocratiques passent par le respect scrupuleux de l’égalité des genres en droit et dans les faits. Les pays épinglés par l’OCDE comme les plus développés tant dans l’éducation que dans le bien-être humain d’un point de vue économique et écologique sont scandinaves avec le Canada. Ce sont aussi les pays les plus avant-gardistes en matière de respect scrupuleux de l’égalité entre les sexes. La solution est donc simple : le respect. Et l’inégalité de fait entre la force physique masculine et celle de la femme n’implique pas une inégalité de droit (l’égalité de droit doit être traduite par un respect de fait du corps de la femme). C’est d’ailleurs là le hiatus : le droit est souvent la résultante d’un conflit, le droit international est souvent le droit des vainqueurs, est-ce à dire que le droit des pays phallo-centrés est le fruit de la victoire de l’homme sur la femme, parce qu’il a le pouvoir de la soumettre par des coups ? Ne nous voilons pas la face, il s’agit bien de cela. Et c’est une horreur doublé d’un crétinisme sans fonds. Les chiffres sont là, pourtant : un pays n’est développé, riches et à la fine pointe de l’évolution humaine si et seulement si la femme y a autant de pouvoir que l’homme, les petites filles sont éduquées et qu’un contre-discours est développé contre le machisme sous toutes ses formes.
Ce que je dis là est d’une banalité sans nom. Mais malgré l’évidence pour un homme civilisé (dans son sens noble), constat est fait qu’il n’en est encore rien dans le monde. La brutalité a encore droit de cité.
Quelques héroïnes, d’abord ; Beauvoir, première à avoir dit (avant Lacan, finalement) que la femme n’existe pas, car comme tout être humain elle est dotée de conscience et en bonne existentialiste comme son philosophe-amant (Sartre), son existence précède tout ce qu’elle pourrait dire d’elle, précède toute nature… La nature de la femme, donc, pour un être conscient posant les choses à distance et les réfléchissant, n’est pas évidente. La femme, oui, en tant que conscience constituante, peut penser sa féminité comme elle l’entend… Comme celle d’un mec, pourquoi pas ? LGBT, lesbianisme, etc… Pourquoi s’énerve-t-on ? C’est le pouvoir du sujet humain de se penser autrement que ce qu’on dit de lui.
Dolto, ensuite, une des premières à avoir parlé de la sexualité féminine autrement que dans l’optique de Freud. La femme est désirante, oui, tout comme l’homme, mais pas de la même manière et ce qu’elle désire, c’est le désir… Au même titre que l’homme devrait apprendre du désir de la femme à le désirer, ce désir: Ce qui excite, ce n’est pas le corps « en soi » (comme dirait le vieux Kant, après tout, on ne sait pas ce que c’est), mais les signes qu’il vous donne manifestant le désir de votre désir. C’est ce que l’on appelle la séduction… Toute une affaire !
Madonna, ensuite. Oui, vous avez bien lu, je parle de la chanteuse « Queen of pop ». Vous voulez savoir ce que c’est qu’une femme désirante ? Eh bien, elle va vous le montrer… Elle va feindre la masturbation devant un public de 45000 personnes dans un stade gigantesque sous les coups de boutoir de son funky « like a virgin ». Elle y va fort, la fille, elle n’a pas peur, dans cette Amérique puritaine des années quatre-vingt, elle détruit délibérément l’image de la maman sacrifiée soumise et dévote avant toutes les autres, elle explose tout… Eh bien, je dis, bravo ! Il n’y a que les artistes qui nous ramènent à l’évidence. Madonna a ouvert une brèche qui donne l’autorisation à toutes les filles du monde de désirer comme elles désirent.

Jean Noël
La colère de Dieu
Étrange titre, peut-être trop présomptueux pour un polar « métaphysique » ?
Qu’on ne s’y trompe pas, je fais la part des choses, si l’on parle de Dieu, on rate toujours quelque chose, c’est encore affaire humaine.
Quand on parle de Dieu, finalement, et en l’occurrence de sa colère, on ne peut se référer qu’aux Textes révélés qui nous traversent (que l’on soit athée ou pas) depuis 2000 ans pour les Chrétiens, depuis 1400 ans pour les Musulmans... Et on voyage, à la manière de ce philosophe quelque peu cynique et déjanté, German Sokolsky entre Bruxelles, Londres et Ouarzazate... Ou encore comme ce héros tragique, médium très puissant, Silas, au travers des 22 lames majeures du tarot de Marseille ou encore comme ce jésuite alcoolique au passé libertin, Jorge, qui interroge la tradition qui l’habite depuis le début de son sacerdoce, qui décortique, questionne et critique férocement l’Eglise catholique et apostolique dont il se dit encore le représentant.