« Les échos du silence » d’Alain Valet, aux Editions Maelström Révolution, collection City Lignt.
50 petites pages pour trois euros. En fait, c’est pas cher pour beaucoup, tant on y revient sur ce texte épuré, cette poésie qui ne s’embarrasse de rien d’autre que d’elle-même, en quelques traits de lumière.
« Quelque part, une femme dans un cocon, le soleil l’embrasse, elle frétille, le soleil sourit, elle s’allume comme un ver luisant »
Où la nature, décrite souvent âpre, sèche, minérale, propice à la recherche de « quelque souvenir au bord de la mémoire et de l’oubli », s’éveille, foisonnante, lumineuse, lorsque pointe le désir… Mais un désir sans objet, nu, avide…
Et puis il y a aussi l’évènement du féminin.
Au détour d’une quête sans objet, « où l’on n’est plus qu’une terre, un sol, une lande rase, désertique », l’émotion est forte lorsque :
« Je ne sais qui est cette femme, elle marche dans mes cendres, et cependant le bruit de ses pas résonne comme si elle sautait dans des flaques d’eau »
Alain joue du contraste, ses mots nous font voyager entre l’âpreté du méditant et la surprise d’une vie qui se donne gratuitement, l’un ne pouvant advenir sans la recherche de l’autre.
C’est très beau. Vraiment.
Pour vous dire comme je le pense, Alain Valet, cela fait un bail que je le connais, mais cela fait aussi un sacré bail que je l’ai perdu de vue !… Alors que je venais de terminer mes études de philo, lui y était encore, mais déjà, entre deux philosophes de formation, se tramait des trajectoires très singulières, quasi diamétralement opposées. Autant j’étais déjà dans l’abondance, le foisonnement que lui faisait dans le minimalisme. J’avais l’impression qu’il avait pris le pli de la sagesse souriante, et moi celui du désir dionysiaque… En fait, au regard de nos écritures respectives, cela se vérifie… mais déjà à l’époque, bien que nous n’ayons jamais réellement entamé une amitié, une joyeuse et secrète sympathie se jouait déjà entre nous. La vie nous a séparés pendant trente ans. On se retrouve à présent par la découverte de sa plus récente poésie.

Jean Noël