« Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI aux éditions Maelström Ré-evolution
Il est question d’être aux prises avec un maître haï
Mais de n’avoir de cesse que de reprendre langue avec lui
Il est question d’expir et d’inspir
De se laisser respirer comme pour éprouver la seule garantie d’une existence qui se donne
Car le texte de David nous conduit la frontière du néant
Comme pour mieux se laisser happer par la violence de l’être
Oui, c’est cela, la poésie est un exercice de dépouillement
Pour qu’au bout de l’exercice
Des mots aussi simples que ;
« Deux chats mangent dans une gamelle, quatre araignées tissent leurs toiles, un enfant joue avec sa mère, deux témoins rient », ont quasiment plus de réalité que les chats, les araignées, l’enfant et sa mère, les témoins.
Il est question aussi d’un nouveau maître, dont les nouveaux rituels bousculent les anciens, dans le mécontentement de ceux qui ne veulent rien changer, maître qui finalement se plie tel le roseau, et fuit dans la nuit noire pour retrouver les forces vives de la forêt
Il est question de méditer à nouveau, de quitter la gangue du temps, de disposer de la connexion avec des mondes lointains pour se laisser toucher par les ondes du dehors, et là :
Il leva la tête et établit de nouveaux liens
Avec
Et
Avec les choses nombreuses et vivantes
Autour de lui
Un pigeon blanc
Un arbre fruitier donné pour mort
Un vol d’Hirondelles
Une famille
Mère, et femme et fille
Et la terre
Gorgée de vert et de lumière
Les moments d’écriture sont précédés par des moments d’ascèse, et selon moi l’auteur devrait nous inviter à l’ascèse pour la lecture sous peine de devenir illisible.
On dirait, en ce monde consumériste qui remplit tous les trous de sa camelote pour nous gaver jusqu’à la nausée, que nos poètes font appel au vide.
Et d’ailleurs, il est question de trous, dès le départ. David se réjouit de la lumière qui passe à travers le toit, « à travers les six cent trous qui percent les tuiles ».
Objet de méditation, 108 mantras pour 108 poécontes. Pour celui qui lit à haute voix (et je pense que cela a été fait dans une performance inoubliable), je ne serais pas étonné qu’il accède à l’extase.
108 mantras, un par jour, expirés et inspirés, font corps par les poumons la gorge et la bouche ; jusqu’au bas du ventre, d’ailleurs. On y découvre un autre monde qui est en fait ce monde-ci, par le chant que l’on a choisi.
A lire, urgemment, mais calmement.
David GIANNONI n’en est pas à son premier recueil. C’est le troisième, je pense. C’est un éditeur, aussi, qui a fondé les Editons Maelström Réevolution. Cela fait trente ans qu’il œuvre pour la poésie et la littérature en Belgique. C’est un vieil ami aussi…

Jean Noël
Wow. Merci Jean!