La guerre, on la veut tous - Jean Noël

La guerre ? On la veut tous ! Sourd en nous le désir d’en découdre, cette pulsion à la quête d’une explosion libératrice.

La guerre ? On la veut tous, lorsque la frustration nous fait lever le poing, lorsque l’on se retrouve écrasé dans l’enchaînement des phénomènes, noyé dans l‘anonymat des masses, lorsque le moi n’est plus rien et qu’il n’a d’autre issue que de se poser en s’opposant.

 Je suis contre donc j’existe…

Que de post outranciers sur les médias sociaux !  Que de colère et de revendication, pour les pires et les meilleures causes ! Que d’exaspération et d’outrance, que de colère.

La guerre, on la veut tous, et pour cela autant œuvrer dans le complotisme histoire de relever dans les faits ce qui déraille en sous roche afin de conclure que les faits ne sont pas des faits et œuvrer pour la folie collective.

La guerre en Ukraine, oui, on la veut : enfin un ennemi à abattre, enfin du sang et du feu, enfin des villes dévastées et des faibles écrasés… Oui, nous nous en réjouissons, un peu de danger dans notre quotidien désespérant où l’on a qu’à être crétin et mortel dans un labeur absurde au quotidien terne.

Quel est donc cette colère qui nous rend fou, la mort se rapproche à chacun de nos pas, l’horizon glacé de notre extinction nous soulève le cœur, on veut s’en prendre aux autres, on veut s’en prendre à Dieu, parce que cela n’est pas juste.

En vérité, il faut être fort pour être doux. Il faut être courageux que de convertir cette colère terrible en culture, en expression joyeuse. Convertir le coup en caresse, le poing en invitation, la sauvagerie en génie. Mais ce n’est jamais donné… Seuls les artistes de la vie qui s’y appliquent y arrivent.

Alors, peut-être que l’on sera autre chose que d’être le déchet des chiens de guerre, autre chose que le fruit hasardeux de la bestialité humaine.

Ayons  l’audace d’être humain, car l’homme n’existe toujours pas.

 

Traverser les colères, c’est aussi le propos de La colère de Dieu, et personne, du premier au dernier, n’y échappe.

Jean Noel Philosophe

À propos de Jean Noël

Je suis philosophe (Louvain), j'ai 56 ans, vis à Bruxelles, suis issu d'une mère française et d'un père liègeois. J'ai créé en 1996 les Cafés philo de Belgique. En son temps, j'ai joui d'une réputation locale en lançant des espaces de parole philosophique au bénéfice exclusif des citoyens dans tout Bruxelles (Cercle de la rue Sainte, Halles Saint Gery, Cercle des voyageurs, etc. et à présent au Carpe Diem d'Etterbeek) et en animant à Paris au Café des Phares.