Arioch le borgne - comptes bruxellois

Un recueil très certainement de 5 à 6 nouvelles. Trois sont déjà rédigées, aussi j’intitulerais ce recueil “les contes bruxellois”. Drôle, voire parfois hilarant, il est question ici de développer un regard surréaliste sur sa ville… Nous passerons d’un chat qui provoque la chute du gouvernement belge, au poète Ovide qui a la Covid, ou d’un conte de fin du monde où Vladimir est très fier de sa grosse fusée thermonucléaire Tsar Bomba II.

Extrait: Arioch,

Le chat sécessionniste

Arioch-le-borgne, tel est son nom de félin alors que les humains l’appelle Minouche, est un gros chat roux zébré de noir (dont l’une des zébrures lui occulte l’œil droit, d’où son surnom), contemple le quartier Bonaventure du haut de la corniche du 38 de la rue du même nom. La bête est quelque peu irritée de la disparition de ses sujets humains qui ont déserté l’habitation voilà plus d’une semaine. Il était déjà habitué à subir leur escapade lorsque le soleil est haut perché dans le ciel, que les jours sont plus longs et que le temps est propice à se vautrer dans la pelouse du petit jardinet. Mais là, nous sommes en hiver, ses sujets se sont éclipsés en entreposant tous leurs meubles dans une énorme boîte en acier juchée sur de grosses roues et en fermant portes et châssis de sa demeure lui interdisant du même coup toute incursion en douce à l’abri du vent et de la pluie.

Quelle ingratitude ! Lui qui leur manifestait sa reconnaissance en se frottant à leurs jambes afin de marquer délicatement son acte de propriété ! Lui qui se montrait bienveillant à l’endroit de leur bambin alors que ce dernier avait le front de lui tirer régulièrement la queue ! Arioch n’en revient pas et grogne de dépit ; désormais il ne fera plus des humains ses sujets, quand bien même ceux-ci se plient à lui servir sa pitance dans un bol ébréché ou obéissent à ses injonctions miaulées à ouvrir le huis lorsque le temps ne se prête pas à la chasse mais au radiateur brûlant dont il est si friand

Jean Noel Philosophe

À propos de Jean Noël

Je suis philosophe (Louvain), j'ai 56 ans, vis à Bruxelles, suis issu d'une mère française et d'un père liègeois. J'ai créé en 1996 les Cafés philo de Belgique. En son temps, j'ai joui d'une réputation locale en lançant des espaces de parole philosophique au bénéfice exclusif des citoyens dans tout Bruxelles (Cercle de la rue Sainte, Halles Saint Gery, Cercle des voyageurs, etc. et à présent au Carpe Diem d'Etterbeek) et en animant à Paris au Café des Phares.